Le Club de Lecture international sur le Conseil scientifique (CLICS) est une initiative du RFICS, permettant aux participants d’explorer des articles influents sur le conseil scientifique, en français. Pour sa quatrième rencontre, le texte était « Utiliser des données probantes » d’Annette Boaz et Sandra Nutley, un autre morceau choisi de la collection « Grands classiques » en collaboration avec l’Equipe RENARD.
Ce texte est une riche analyse sur le rôle des données probantes issues de la recherche dans les politiques et les pratiques. Il met en lumière un point crucial : bien que les données probantes soient essentielles, elles ne suffisent pas à elles seules. Pour être efficaces, elles doivent être complétées par d’autres types de connaissances et adaptées aux contextes locaux. Depuis les années 1990, de nombreuses initiatives, comme les centres de partage de connaissances et les partenariats locaux, ont émergé pour relever ce défi. Les auteurs introduisent le concept d’« écosystème de données probantes », un modèle où production, synthèse et utilisation des données interagissent pour répondre aux besoins diversifiés des acteurs. Le texte est ainsi en droite ligne avec la volonté du RFICS d’explorer les pratiques de divers acteurs dans cet écosystème, d’où la thématique du webinaire avec eBASE Africa.
La discussion lors de cette quatrième rencontre, animée par François Claveau, Gabriel Saso-Baudaux et Alexandre Fortier-Chouinard, a permis aux participants d’examiner quatre thèmes majeurs abordés dans le texte : reconnaissance des données, modélisation des processus, approches prometteuses et évaluation de leur impact. La discussion était structurée en plusieurs étapes : présentation du texte, priorités pour le débat, et échanges ouverts en sous-groupes avec des tours de parole modérés.
Des contributions clés ont émergé au cours de cette séance. La doctorante Salmata Diallo a présenté un rapport de son sous-groupe sur l’utilisation illicite des preuves, le rôle des centres de synthèse en Afrique et l’importance de leur diffusion. Antoine Lemor, postdoctorant, a mis en avant dans le rapport de son sous-groupe, des points cruciaux comme l’absence d’une définition claire des « bonnes » données probantes, l’impact de la pandémie sur leur usage et la nécessité d’organisations intermédiaires. Enfin, Gabriel et Jean-Christophe Marois ont souligné des enjeux particuliers en Afrique qui limitent d’ores et déjà l’applicabilité de certains paradigmes : l’absence de politiques scientifiques dans certains pays et le besoin urgent de créer des réseaux entre chercheurs et décideurs.
La réunion s’est conclue sur des retours positifs, aussi bien sur la qualité du texte que sur la profondeur et l’actualité de la thématique abordée. Le CLICS confirme ainsi son rôle comme plateforme d’échange pour réfléchir collectivement aux grands défis liés à la recherche sur le conseil scientifique, en faisant un pont vers les pratiques existantes, par des communautés de chercheurs confirmés, chercheurs en herbe et praticiens.