Télécharger le rapport en PDF
L’intégration des preuves scientifiques dans les politiques publiques est cruciale en Afrique de l’Ouest, où les défis socio-économiques et environnementaux exigent des solutions basées sur des données probantes. Malgré l’existence d’académies des sciences, de conseils économiques et sociaux, et d’autres structures de conseil scientifique telles que des instituts universitaires, des ONG spécialisées et des think tanks, l’absence de dialogue structuré entre ces acteurs freine l’efficacité du conseil scientifique.
Un atelier délibératif organisé par le Réseau international Francophone en conseil scientifique (RFICS) en juillet 2024 a rassemblé des experts de neuf pays pour analyser les défis et formuler des recommandations visant à renforcer ces mécanismes. L’atelier a adopté une approche délibérative, combinant des panels et des groupes de discussions, afin de favoriser des échanges approfondis. Les échanges ont été guidés par un questionnaire validé par un comité d’éthique.
L’atelier a mis en évidence l’engagement croissant des institutions pour intégrer la science dans la gouvernance, avec des initiatives comme celles du gouvernement du Sénégal, du Réseau Africain des Académies des Sciences (NASAC) et du RFICS. Les organisations internationales, telles que l’UNESCO et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), soutiennent cette démarche avec des plateformes et des projets de formation adaptés.
Les mécanismes du conseil scientifique en Afrique de l’Ouest incluent des académies des sciences, des conseils économiques et sociaux, et des think tanks. Ces institutions jouent un rôle clé en conseillant les décideurs publics en s’appuyant sur des experts pour intégrer les données scientifiques dans les politiques publiques. Les académies, telles que celles du Bénin et du Sénégal, influencent les politiques via des recommandations et des plateformes de débat. Les conseils économiques et sociaux évaluent les réformes législatives et mènent des actions de sensibilisation. Les think tanks, comme Thinking Africa, fournissent des analyses basées sur des recherches approfondies.
Plusieurs défis structurels et contextuels entravent l’efficacité du conseil scientifique en Afrique de l’Ouest. Il s’agit du manque d’implication des décideurs politiques, la dépendance financière des académies aux fonds publics, et la faible intégration des recommandations scientifiques dans les politiques. Des défis de communication, tels que la méfiance et la désinformation, limitent les interactions entre les acteurs. De plus, les chevauchements dans les missions des différentes instances compliquent la coordination. Enfin, des obstacles méthodologiques, comme la difficulté à concilier rigueur et urgence, réduisent l’impact des conseils scientifiques sur les communautés locales.
Les experts ont recommandé d’élargir le ciblage des bénéficiaires du conseil scientifique, en incluant les leaders communautaires, et de baser la recherche sur les besoins réels des communautés. Ils ont insisté sur l’adaptation des canaux de communication et le renforcement de la transparence des institutions scientifiques. Ils ont suggéré de lier la production de connaissances aux espaces décisionnels, de renforcer les capacités des scientifiques en médiation, de garantir la qualité et l’éthique des données et intensifier les efforts de renforcement des capacités pour tous les acteurs.