L’initiative « Evidence Synthesis Infrastructure Collaborative » (ESIC), financée et initiée par Wellcome Trust, est une infrastructure de synthèse des connaissances qui vise à transformer la manière dont les données scientifiques sont agrégées et mises à disposition des décideurs. En facilitant la synthèse en temps réel des preuves scientifiques, ce projet révolutionnera l’accès à l’information pour les chercheurs, cliniciens et responsables politiques.
Un besoin urgent d’actualisation rapide des données scientifiques
La prise de décision éclairée repose sur une compréhension globale de l’état des connaissances scientifiques. Cependant, les études individuelles ne donnent qu’une partie du tableau. Les revues systématiques et les méta-analyses sont des outils précieux, mais leur production est longue et coûteuse. Par exemple, lors de l’épidémie de Zika en 2015, une revue systématique initiée en 2016 a synthétisé 700 études, mais à sa publication en 2017, 1 400 nouvelles études étaient déjà disponibles, la rendant d’ores et déjà obsolète, avant même sa potentielle prise en considération.
Le concept de synthèse des preuves vivante
Pour répondre à ce défi, Wellcome Trust déploie une infrastructure qui permettra une actualisation continue des synthèses de preuves. Plusieurs programmes existent déjà, comme le Global Alliance for Living Evidence on Anxiety, Depression, and Psychosis (GALENOS) dans le domaine de la santé mentale, ou la collaboration Cochrane en médecine. Toutefois, ces initiatives restent fragmentées et manquent de coordination et de financement. Le nouveau projet de Wellcome vise à les rassembler sous une plateforme commune et les actualiser de la manière la plus rapide possible.
Une infrastructure de synthèse des connaissances ouverte et accessible à tous
L’un des enjeux majeurs de la plateforme ESIC est de rendre ces synthèses plus accessibles, notamment aux chercheurs des pays du Sud et aux disciplines sous-financées. L’infrastructure commune développée par Wellcome intègrera des sources de données communes et utilisera l’intelligence artificielle pour extraire et résumer efficacement les connaissances. Cette automatisation réduira le temps et le coût des revues systématiques, permettant ainsi à davantage de chercheurs et d’institutions d’y contribuer.
Au-delà de la santé, cette infrastructure pourra être exploitée dans divers secteurs tels que l’éducation, l’agriculture, l’énergie et l’urbanisme. Wellcome invite d’ailleurs d’autres bailleurs de fonds à soutenir ce projet afin d’amplifier son impact à l’échelle mondiale.
En rendant la synthèse des preuves plus rapide, accessible et intégrée, cette initiative pourrait marquer une révolution comparable au passage des bibliothèques physiques aux bases de données en ligne. Une étape décisive vers une science ouverte et plus efficiente.