Rôle d’un conseiller scientifique en chef au sein d’une ville: un processus en pleine expansion

Le professeur Simon Barnabé, scientifique en chef de la ville de Victoriaville, a été l’invité du Réseau francophone international en conseil scientifique (RFICS) pour le webinaire du 5 février 2025, modéré par France Brunelle, co-responsable de l’axe Communauté de pratique et transfert de connaissances du RFICS.

Ce deuxième webinaire de la série d’hiver 2025 ouverte par le CIRANO, mettait en lumière le rôle d’un conseiller scientifique en chef au sein des municipalités. C’est une occasion d’explorer l’importance croissante de l’utilisation de la science dans la prise de décision municipale.

Stimuler des décisions éclairées et innovantes pour la municipalité

Les décisions municipales peuvent être influencées par des intérêts divers, voire contradictoires. Le Pr Barnabé a rappelé le rôle général d’un conseiller scientifique en chef. Ce dernier doit fournir des conseils neutres et objectifs, basés sur les meilleures données scientifiques disponibles. Il mobilise un réseau de scientifiques pour répondre aux besoins dépassant sa propre expertise. Son objectif est de faciliter l’accès aux connaissances et de renforcer la culture scientifique dans l’administration publique. Il construit et maintient des relations de confiance avec les décideurs, et doit respecter les valeurs démocratiques tout en agissant avec crédibilité.

Dans les villes, son rôle est essentiel pour faciliter l’accès à des connaissances scientifiques et à une expertise variée. Cela est particulièrement utile pour affronter des défis comme l’adaptation au changement climatique. Au cours des deux dernières années, neuf villes québécoises, dont Drummondville et Longueuil, ont nommé des conseillers scientifiques. Ces experts apportent des bénéfices concrets, comme la valorisation et le transfert de compétences. En travaillant sur des enjeux concrets, ils renforcent le lien entre la science et les citoyens.

L’intervenant a ensuite partagé son expérience et les avantages qu’il a observés en pratiquant ce rôle à Victoriaville. Son implication a commencé par ses travaux de recherche et a progressivement évolué vers une participation active aux processus décisionnels municipaux. Parmi ses contributions notables, il a cité l’identification d’opportunités pour le secteur local, la gestion du problème d’envasement du réservoir d’eau potable de la ville, et le soutien au développement d’une chaîne de valeur en impression routière. Il a également joué un rôle clé dans la mise en place d’une table de conseillers scientifiques municipaux au Québec, visant à encourager d’autres villes à intégrer un conseil scientifique dans leur gouvernance.

Rester neutre, un défi pour le conseiller scientifique en chef

Pour M. Barnabé, un des défis majeurs du poste réside dans le maintien de la neutralité. Dans les petites et moyennes municipalités, où les liens personnels et familiaux peuvent être plus marqués, rester impartial s’avère complexe. Pour y remédier, l’invité préconise de formuler des recommandations sous forme de commentaires verbaux et d’apporter des références à des travaux scientifiques pertinents. Son engagement dans des projets d’économie circulaire et de développement durable illustre également l’impact positif que peut avoir un conseiller scientifique en chef sur la planification municipale au niveau stratégique.

Il a présenté les modèles de conseil scientifique municipal au Québec, des structures externes aux modèles avancés. Il a insisté sur l’importance de l’indépendance vis-à-vis des institutions d’enseignement supérieur et du secteur privé. Par exemple, le conseiller scientifique en chef externe est indépendant de la municipalité et affilié à des organisations de recherche, tandis que le conseiller scientifique en chef interne est un employé municipal sans lien avec une institution académique. Le comité du conseil scientifique est une structure totalement indépendante de la municipalité. Ces modèles assurent la neutralité du conseil tout en intégrant l’expertise nécessaire.

Le Pr Barnabé a conclu en soulignant l’importance de renforcer les collaborations internationales et de rapprocher davantage la science des villes, afin de favoriser une prise de décision fondée sur des données probantes au sein des municipalités.

L’intégralité du webinaire est disponible ici.

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Antoine Rauzy

Antoine Rauzy a une expérience de plus de 20 ans en pédagogie numérique et en relations internationales. Il partage son temps entre Sorbonne Université et l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), à Paris. Il a commencé sa carrière comme enseignant-chercheur, mathématicien à l’institut de mathématiques de Jussieu. Il est responsable d’action à l’ANR, agence française de financement de la recherche, et expert international en enseignement numérique. Il est membre du réseau européen HERE (Higher Education Reform Experts) et a siégé au conseil d’administration de plusieurs associations internationales sur ce sujet. 

Par ailleurs, Antoine a été en poste à l’ambassade de France au Canada sur les dossiers universitaires et scientifiques et a conseillé deux présidences d’université sur les questions internationales. Il a été associé à plusieurs négociations internationales sur des sujets universitaires et scientifiques à forts enjeux diplomatiques.