Renforcer les compétences parlementaires en utilisation de la recherche scientifique : Retour sur le séminaire de l’APF au Cambodge

Les 12 et 13 novembre, Phnom Penh, la capitale cambodgienne, a accueilli un séminaire de grande envergure intitulé « Le rôle et les compétences du service de recherche du Parlement ». Organisé par l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) à la demande de sa section cambodgienne, le directeur général du Réseau francophone international en conseil scientifique (RFICS), Mathieu Ouimet, y a activement participé grâce au soutien financier d’Affaires mondiales Canada.

Le Professeur Ouimet a apporté une expertise précieuse sur les enjeux du conseil scientifique dans le contexte parlementaire. Lors de sa présentation, il a introduit l’International Network for Government Science Advice (INGSA) et son volet francophone, le RFICS. Il a mis en lumière les défis auxquels sont confrontés les parlements face à la complexité du marché mondial de la publication scientifique. Il a également souligné la nécessité pour les parlements d’accroître leurs capacités à rechercher, traiter, évaluer, synthétiser et communiquer des études pertinentes en appui au travail des parlementaires.

Les participants ont été sensibilisés sur les risques liés à la mobilisation de résultats de recherche sans une évaluation rigoureuse de leur qualité et de leur pertinence. Mathieu Ouimet a insisté sur l’importance d’adopter systématiquement des outils comme les synthèses de connaissances et les revues systématiques pour garantir des décisions informées et efficaces.

Le séminaire a également permis de présenter des initiatives internationales de soutien aux données probantes, telles que la Commission mondiale sur les données probantes. Plusieurs pistes d’action ont été explorées pour connecter les structures de recherche parlementaire à des sources externes de données probantes, comme Social Systems Evidence, Health Systems Evidence, 3ie, Campbell Collaboration et Cochrane Collaboration.

Les sénateurs cambodgiens ont été encouragés à renforcer leurs capacités internes pour filtrer les publications scientifiques, en envisageant notamment des formations pour leur personnel. Cela vise à faciliter un dialogue éclairé et constructif avec des ressources externes spécialisées dans la synthèse des données probantes. En outre, des modèles de collaboration méthodologique, comme ceux de McMaster Health Forum et du Knowledge to Policy (K2P) Center, ont été suggérés pour améliorer l’efficacité des services de recherche parlementaire.

Enfin, le séminaire a offert l’opportunité d’un échange fructueux avec des institutions telles que le Centre parlementaire d’Asie (PCAsia), la Cellule scientifique de la Chambre des Députés du Luxembourg, et l’Institut parlementaire du Bénin. Ces exemples inspirants ont permis au Sénat cambodgien de mieux comprendre les pratiques existantes et d’identifier des pistes concrètes pour renforcer son propre écosystème de soutien à la décision.

Ce séminaire a souligné l’importance cruciale d’une intégration des résultats de la recherche scientifique dans travail parlementaire. Il a permis de poser les bases d’une collaboration renforcée entre le Sénat cambodgien et les acteurs internationaux du conseil scientifique. En intégrant des approches rigoureuses de mobilisation des données probantes, le Cambodge peut aspirer à des processus décisionnels encore plus éclairés et pertinents, au bénéfice de sa population et de ses institutions.

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Antoine Rauzy

Antoine Rauzy a une expérience de plus de 20 ans en pédagogie numérique et en relations internationales. Il partage son temps entre Sorbonne Université et l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), à Paris. Il a commencé sa carrière comme enseignant-chercheur, mathématicien à l’institut de mathématiques de Jussieu. Il est responsable d’action à l’ANR, agence française de financement de la recherche, et expert international en enseignement numérique. Il est membre du réseau européen HERE (Higher Education Reform Experts) et a siégé au conseil d’administration de plusieurs associations internationales sur ce sujet. 

Par ailleurs, Antoine a été en poste à l’ambassade de France au Canada sur les dossiers universitaires et scientifiques et a conseillé deux présidences d’université sur les questions internationales. Il a été associé à plusieurs négociations internationales sur des sujets universitaires et scientifiques à forts enjeux diplomatiques.