Orienter le conseil scientifique : le rôle du scientifique en chef

Le Réseau Francophone International du Conseil Scientifique (RFICS) a eu l’honneur de recevoir Monsieur Rémi Quirion, scientifique en chef depuis juillet 2011, président-directeur général du Fonds de recherche du Québec et président de l’International Network for Governmental Science Advice (INGSA), lors de son webinaire mensuel du 6 novembre 2024. Au cours de cet événement, le professeur Quirion a partagé la vision et l’orientation concernant la direction que prend le conseil scientifique, tant au Québec qu’à l’international.

Sa présentation a mis en lumière les initiatives et les stratégies mises en œuvre pour promouvoir la recherche scientifique, renforcer la collaboration et assurer un rayonnement optimal du Québec sur la scène mondiale. À travers son leadership, il souligne l’importance d’un cadre de recherche solide et accessible, essentiel pour répondre aux enjeux contemporains et futurs.

La gouvernance actualisée du nouveau Fonds de recherche du Québec

Monsieur Quirion a rappelé que le projet de loi modifiant principalement la Loi sur le ministère de l’Économie et de l’Innovation en matière de recherche (LQ 2024, c. 16) a été adopté en mai. La nouvelle loi est rentrée en vigueur depuis le 1erjuin 2024,  soulignant l’importance cruciale du rôle de scientifique en chef du Québec et réhaussant ainsi la figure centrale et représentative de la recherche scientifique au travers de la création d’un unique fond de recherche au Québec.

Lors de son intervention, notre invité a détaillé les fonctions essentielles qui lui incombent, notamment la coordination des efforts de recherche, la promotion de l’innovation et la facilitation de la collaboration entre les différents organismes de recherche et le gouvernement. Pour atteindre ces objectifs, le professeur Rémi Quirion et son équipe ont mis en place trois comités scientifiques consultatifs, chacun dédié au secteur spécifique : nature et technologie, santé ainsi que société et culture.

Cette configuration permet de mobiliser une expertise pointue, que le scientifique en chef peut exploiter dans son rôle de conseiller auprès du gouvernement. Comme il l’a souligné, sa mission n’est pas de fédérer toutes les actions de recherche, mais plutôt de déléguer des responsabilités à différents secteurs, en réponse aux besoins spécifiques du gouvernement.

Le mandat du scientifique en chef du Québec

Le mandat du scientifique en chef du Québec est clair et bien défini : il agit en tant que conseiller auprès de la ministre, soulignant ainsi que les scientifiques en chef dans le monde ne sont pas des décideurs, mais des conseillers. « Nous sommes là pour conseiller la ministre, et c’est important de le garder en tête », affirme-t-il, insistant sur le fait que le pouvoir décisionnel revient aux élus. Bien qu’ils n’aient pas le dernier mot, les scientifiques en chef peuvent néanmoins formuler des suggestions précieuses pour éclairer les décisions politiques.

Au-delà de ce rôle de conseiller, le scientifique en chef promeut le conseil scientifique à différents niveaux : local, régional, national et international. Il s’engage également dans la diplomatie scientifique, facilitant le dialogue entre la science et la société. Cette démarche vise à renforcer la culture scientifique et à encourager des initiatives de science participative.

La promotion d’une éthique rigoureuse et d’une conduite responsable en matière de recherche est également au cœur de son mandat. Le scientifique en chef travaille activement à assurer le positionnement et le rayonnement du Québec tant au Canada qu’à l’étranger, en développant des partenariats internationaux dans le domaine de la recherche. En dirigeant le fonds de recherche, il veille également à soutenir la relève scientifique et à favoriser la recherche intersectorielle, en particulier en lien avec les grands défis sociétaux. Par ces actions, le scientifique en chef contribue non seulement à l’avancement de la connaissance, mais aussi à l’intégration de la science dans les politiques publiques, un élément fondamental pour le développement durable et le bien-être de la société.

Allier science, politiques publiques et gouvernement

Pour conclure son intervention, le scientifique en chef du Québec a souligné l’importance cruciale de maintenir et de promouvoir le lien entre la science, la politique et le gouvernement. Il a appelé à encourager nos élus à intégrer la recherche et l’expertise scientifique, quel que soit le domaine concerné, dans le processus de prise de décisions. Bien que l’expertise scientifique ne soit pas le seul élément influençant les décisions politiques, elle doit être davantage prise en compte.

Le professeur Quirion a également salué les initiatives du Réseau francophone international des chercheurs en santé (RFICS), incitant les conseillers scientifiques francophones, issus de divers horizons, y compris des académies et autres organisations, à partager leurs meilleures pratiques et à renforcer les capacités au sein de leurs communautés.

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Antoine Rauzy

Antoine Rauzy a une expérience de plus de 20 ans en pédagogie numérique et en relations internationales. Il partage son temps entre Sorbonne Université et l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), à Paris. Il a commencé sa carrière comme enseignant-chercheur, mathématicien à l’institut de mathématiques de Jussieu. Il est responsable d’action à l’ANR, agence française de financement de la recherche, et expert international en enseignement numérique. Il est membre du réseau européen HERE (Higher Education Reform Experts) et a siégé au conseil d’administration de plusieurs associations internationales sur ce sujet. 

Par ailleurs, Antoine a été en poste à l’ambassade de France au Canada sur les dossiers universitaires et scientifiques et a conseillé deux présidences d’université sur les questions internationales. Il a été associé à plusieurs négociations internationales sur des sujets universitaires et scientifiques à forts enjeux diplomatiques.