Ce 1er novembre 2024, le Club de lecture international en conseil scientifique (CLICS) a tenu sa troisième rencontre autour d’un texte de référence sur le transfert des connaissances dans le domaine de la santé : Perdus dans l’application des connaissances : besoin d’une carte ? de Ian D. Graham, Jo Logan, Margaret B. Harrison, Sharon E. Straus, Jacqueline Tetroe, Wenda Caswell et Nicole Robinson.
Bien que publié il y a près de deux décennies, ce texte a suscité un vif intérêt et une appréciation unanime parmi les participants. Il aborde un enjeu toujours pertinent : la fracture entre la recherche scientifique et son application, plus précisément dans le domaine de la santé. Les chercheurs soulignent ainsi un fossé important qui empêche de nombreux patients de bénéficier des dernières avancées scientifiques, malgré leur disponibilité dans le milieu académique.
Le transfert de connaissances : de la recherche au développement d’outils pour la pratique
L’article fait une nette distinction entre les concepts d’application des connaissances, de transfert de connaissances, d’échange de connaissances, d’utilisation de la recherche, de mise en œuvre, de diffusion et de dissémination. Il met en lumière la complexité du transfert et de l’application des connaissances dans les soins de santé, notamment à travers des concepts fondamentaux tels que le transfert, l’échange et l’application des connaissances. La confusion terminologique observée dans ce domaine rend l’utilisation des résultats de la recherche plus difficile, contribuant ainsi à ce décalage entre la recherche et la pratique.
Les auteurs proposent un cadre conceptuel schématisé qu’ils nomment Connaissances vers l’Action (KTA), structuré autour de deux grands volets : la création des connaissances et le cycle de l’action.
Le premier volet, la création des connaissances, est détaillé en trois phases clés : la recherche primaire, la synthèse des données, et le développement d’outils pratiques. Cette structuration a permis aux participants de mieux comprendre le processus qui mène de la production scientifique à la mise en place d’outils concrets pour les praticiens. Ces étapes ont été jugées particulièrement éclairantes pour comprendre comment les connaissances évoluent et deviennent accessibles aux professionnels de santé.
Le second volet, le cycle de l’action, décrit les étapes nécessaires pour adapter et mettre en œuvre les connaissances acquises. L’accent est mis sur la formation continue des praticiens, ainsi que sur la collaboration essentielle entre chercheurs et praticiens pour garantir une application effective des connaissances dans les pratiques quotidiennes. Les participants ont relevé l’importance de ce partenariat pour combler le fossé entre la théorie et la pratique et maximiser l’impact des découvertes scientifiques.
Le rôle crucial du conseil scientifique
Un autre point important évoqué lors de l’atelier est la spécificité du conseil scientifique mise en exergue par le texte comme une instance clé dans le processus de transfert des connaissances. Ce rôle est d’autant plus crucial dans des contextes où des valeurs divergentes comme l’éthique, la morale, la culture, peuvent influencer les décisions. Considérant l’enjeu de valeurs divergentes, les participants ont salué l’appel à une terminologie commune, qui est essentielle pour favoriser une communication fluide entre chercheurs et utilisateurs des connaissances, notamment dans le but de réduire le décalage entre la recherche et l’application pratique.
Enfin, cette rencontre a permis de souligner l’importance de la collaboration interdisciplinaire dans le domaine du conseil scientifique. Les participants ont apprécié la richesse des échanges, qui ont permis de faire le point sur les défis actuels du transfert des connaissances, tout en soulignant les solutions proposées par le cadre KTA.
L’atelier a été animé par François Claveau, professeur agrégé au Département de philosophie et d’éthique appliquée de l’Université de Sherbrooke et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en épistémologie pratique, par ailleurs responsable de l’axe « Recherche scientifique » du RFICS. Il était secondé par Adrien Cloutier, chargé de cours à l’Université Laval et coordonnateur administratif et technique du RFICS.