Le RFICS a organisé la cinquième rencontre du Club de Lecture international sur le Conseil scientifique (CLICS) ce 7 février 2025, pour examiner et débattre d’un article intitulé « Comment assurer la véracité d’un plus grand nombre de recherches publiées », rédigé par John P. A. Ioannidis et paru en français dans la collection Les Incontournables.
L’article explore les moyens d’améliorer la fiabilité et l’efficacité de la recherche scientifique, en adoptant des pratiques qui ont déjà fait leur preuves, en évaluant rigoureusement les interventions, en tenant compte des motivations des parties prenantes et en réformant le système de récompense académique. Animée par Véronique Fournier, boursière au doctorat avec le RFICS, la rencontre a permis le débat autour de cet article avec un échange structurant entre analyse critique du texte et débats ouverts entre participants, issus de milieux universitaires et de pratique du conseil scientifique.
Un sujet propice au débat
À l’entame du texte, la fiabilité des résultats scientifiques apparaît comme un enjeu majeur, en particulier dans le domaine de la recherche médicale. Les discussions ont mis en lumière plusieurs problématiques, notamment la disponibilité et l’efficacité des ressources, la collaboration entre chercheurs, l’exactitude des données et les implications politiques des résultats scientifiques. Des experts et chercheurs ont partagé leurs points de vue pour mieux cerner ces enjeux.
Au sujet de la gestion des ressources et de la pertinence des solutions, l’affirmation selon laquelle 85 % des ressources de recherche seraient gaspillées, a suscité un débat intense. Certains participants ont remis en question cette estimation, la jugeant exagérée et bien trop généralisée. Ils ont souligné qu’elle pourrait ne pas s’appliquer à toutes les disciplines scientifiques ou dans tous les milieux de recherche.
Améliorer la véracité d’un plus grand nombre de recherches publiées grâce à la collaboration
L’importance de la collaboration scientifique a été soulignée, notamment dans les domaines de l’économétrie et de la politique agricole. Les participants évoquent la prépondérance des revues prédatrices qui biaisent l’accès plus large à des publications fiables. Si le texte propose des solutions pour améliorer la fiabilité de la recherche, leur mise en œuvre nécessiterait quelquefois d’importantes adaptations culturelles et économiques. De plus, la formation en éthique et l’amélioration des méthodes statistiques ont été proposées comme des leviers essentiels pour renforcer la crédibilité des résultats.
Les discussions ont mis en évidence les liens entre la recherche et la prise de décision politique, en abordant l’évolution des critères d’évaluation et l’influence d’études référentes. L’interdisciplinarité a été reconnue comme un levier clé pour l’application des résultats de recherche, bien que des avis divergents aient émergé quant à la pertinence de certaines disciplines. Par ailleurs, l’impact des récompenses scientifiques sur la qualité de la recherche a été souligné, avec une suggestion d’évaluer les mesures mises en place au cours des dix dernières années et de repenser les mécanismes de reconnaissance du prestige scientifique. L’importance d’interventions fondées sur des preuves a été mise en avant pour renforcer la structure actuelle du système de recherche.
Enfin, l’efficacité du système d’évaluation par les pairs a fait l’objet de vifs débats, notamment en raison du manque d’incitations pour les examinateurs à mener des évaluations approfondies et de l’absence de critères suffisamment rigoureux. Une ouverture à des perspectives culturelles variées a été proposée comme piste d’amélioration afin d’enrichir ce processus fondamental.
