Cette année encore marque un grand succès pour le congrès de l’Acfas et pour le colloque que le RFICS a pu y organiser. Durant ces 2 jours qui se sont tenus à Montréal, les 7 et 8 mai, 4 groupes d’échanges ainsi que 2 panels ont été réunis autour du thème “La science pour le politique : développer la recherche scientifique”. Retour sur ces rencontres.
Si la science est depuis longtemps invoquée et utilisée par le politique et que de nombreux scientifiques se prêtent à l’exercice de conseil, en revanche, peu savent que c’est un domaine de recherche dynamique qui vise à étudier les pratiques, les questionner afin de les éclairer au profit des deux parties, science comme politique, et de leur collaboration. Quatre groupes d’échanges se sont penchés sur les thèmes suivants : définir et comprendre le conseil scientifique, le transfert de connaissances en matière d’environnement et d’éducation, le rôle des chercheurs et des experts et enfin, le conseil scientifique en matière de santé.
La première, intitulée “Conseil scientifique municipal : pratiques, défis et perspectives” a été animée par Mathieu Ouimet et a réuni le Prof. Philippe Constant de l’Institut national de la recherche scientifique, Claude Maheux-Picard, directrice générale du Centre de transfert technologique en écologie industrielle, et conseillère scientifique en chef de la ville de Sorel-Tracy, ainsi que Julie-Maude Normandin, également conseillère scientifique en chef, de la ville de Longueuil.
Les participants ont été invités à explorer le rôle des conseillers scientifiques en chef dans les municipalités en s’interrogeant sur la façon et les raisons pour lesquelles ils sont sollicités mais aussi sur leur collaboration avec les élu et l’administration publique. Il a aussi été question du potentiel besoin ou pas de démystifier la recherche scientifique auprès du politique. Enfin, les intervenants ont été amenés à s’interroger sur les changements à insuffler pour un conseil scientifique facilité et impactant.
De manière générale, les discussions ont montré la contribution des conseillers scientifiques en chef aux politiques locales fondées sur des données probantes et les conditions favorisant leur légitimité et leur impact. Ils acquièrent et vulgarisent des connaissances scientifiques pour éclairer des enjeux comme le développement économique responsable, tout en facilitant des maillages entre chercheurs, élus et fonctionnaires municipaux. Ils jouent un rôle de médiateurs, organisant collaborations et projets. Ils appellent à une intégration systématique des données scientifiques, ils oeuvrent à réduire les silos administratifs et maximiser l’impact de leurs conseils. En promouvant la science citoyenne et l’innovation sociale, ils renforcent les liens avec les citoyens. Pour les conseillères scientifiques présentes, il est souhaitable que la science soit de plus en plus imbriquée dans la politique municipale afin de diffuser plus largement une culture scientifique.
Les après-midi ont par ailleurs été consacrés à deux tables rondes. La deuxième, “Les leçons de la pandémie : mobilisation des connaissances scientifiques et soutien aux politiques publiques”, organisée en partenariat avec le réseau de recherche Précrisa, s’est penchée sur les enseignements à tirer de la pandémie de COVID-19. Présidée par le professeur Éric Montpetit, l’événement a favorisé un échange interdisciplinaire entre la Dre, Michèle de Guise, présidente directrice générale de l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS), la Dre Patricia Hudson, directrice scientifique à la direction des risques biologiques de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), la Prof. Marie-Christine Terrien, de l’École nationale d’administration publique (ENAP) et directrice de l’axe gouvernance et collaboration de Précrisa, la Prof. Audrey L’Espérance également de l’ENAP et directrice de l’axe confiance, savoirs et engagement et Guy Poulin, co-directeur de Précrisa.
La discussion a débuté par une présentation d’Antoine Lemor, candidat au doctorat en science politique, qui a exposé les conclusions de recherches menées avec Éric Montpetit, soulignant le rôle central de l’incertitude scientifique, l’impact des projections d’experts et les enjeux de la gestion de l’information. S’en est suivie une discussion abordant des questions cruciales sur l’efficacité du conseil scientifique, son articulation avec la démocratie, la capacité du Québec à structurer un conseil scientifique pertinent au travers de ses institutions comme l’INESSS et l’INSPQ et enfin, les limites et améliorations possibles du conseil scientifique.